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mercredi 22 juin 2011

81 - Apprenti artiste

Réflexions 6/6

Dans la vie d'un peintre il y a plusieurs phases qui se succèdent irrémédiablement, à condition de savoir se remettre en question. Il y a la phase de l'artisana, où l'on apprend le métier. Puis vient le moment de la maîtrise où l'on montre ce qu'on sait faire.

Ensuite vient le temps du message, de l'intention et un point focal fait son apparition dans les tableaux. Enfin la dernière phase, l'expression à l'essentiel, le geste minima et inimitable, quand la technique s'efface pour ne laisser que l'intention.

J'aime le propos de Ross Paterson, aquarelliste australien : "Trouver sa propre voie demande beaucoup de temps, c'est un long apprentissage. Le style personnel se découvre après des années passées à user ses pinceaux doublé de l'envie sincère d'arriver à voir le sujet par soi-même et non à travers les yeux de quelqu'un d'autre."

Ross Paterson
Ou celui de l'anglais Paul Banning : "Il ne s’agit pas simplement d’avoir du plaisir à peindre. Il faut pousser les frontières, chercher toujours à aller un peu plus loin, approfondir son langage visuel. Comme un marathon, tout est question d’entraînement régulier et de recherche de solutions. Rien n’est simple et le meilleur ne peut émaner que d’un engagement total et profond."
Paul Banning
Ou encore celui de Janine Gallizia : "Il y a une très grande différence entre être peintre et être un artiste. Un peintre sait comment faire, l'artiste c'est ce qu'il faut faire." Autrement dit le peintre rend compte des faits, l'artiste les interprète pour arriver à un constat personnel qui est porteur d'émotion.
Janine Gallizia

Je suis peintre et artiste en devenir et j'y travaille quotidiennement. Je sais où me situer dans l'évolution que je viens d'énumérer : je montre ce que je sais faire, et j'en ai besoin. Mais les choses ne se passent pas d'une manière si chronoligique. Les étapes s'entremêlent, se confondent, se chevauchent, se dénouent.
Etude pour le Fauteuil de Marie
Je suis entré dans une interprétation à travers la personnalité même de mes modèles. Le fait de m'être "retrouvé" clarifie mes intentions, mais le chemin n'est pas tracé telle une autoroute. Comme le voyageur, le paysage à venir me reste inconnu et à découvrir. J'ai entammé mon voyage, ainsi va la vie d'artiste. Rendez-vous dans dix ans, je vous direz où j'en suis.
Le Fauteuil de Marie

4 commentaires:

  1. Bien lu le blog si je comprends j'en suis à l'étape "peintre" (même si je reconnais de grosses lacunes en dessin, ce qui va m'handicaper longtemps, et me bloquer dans mes choix de sujet)
    La réflexion est super interessante, comment ne pas vouloir faire comme les autres, ou ressembler à un artiste pour lequel on a une préférence, puisque effectivement on ne peut pas être quelqu'un d'autre.
    Comment ne pas se perdre tout en étant guidé et ne pas être sous influence (même si j'aime ton influence)
    Comment aussi, une fois à l'étape "artiste" (même s'il faut du temps et beaucoup de "patience"..), ne pas se retrouver à faire toujours la même chose, comment expliquer.
    Comment se renouveller dans son style, je trouve qu'il n'y a rien de pire, qu'un artiste qui ne se renouvelle pas. En voilà encore un dilème !
    Trouver son chemin, mais savoir s'en écarter sans jamais le perdre,mais alors comment faire pour ne pas tourner en rond ou pire se retrouver dans une impasse ?

    Lundi j'attends ta réponse.

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  2. Se retrouver dans l'impasse serait, je crois, le fait de ne pas se remettre en question. Le succès peut aussi, dans une certaine mesure amener à l'impasse et se retrouver à ne faire que ce que les acheteurs veulent bien acheter. Trouver le juste milieu pour ne pas perdre son âme et tout de même arriver à vivre de son art, c'est un dilemme, mais la vie n'est-elle pas faite, sans cesse, de toutes ces contradictions ?
    Quand on est élève et amateur, le seul but, à mon avis, est de se faire plaisir et quand on a la chance d'avoir un peintre tel que Jean-Charles pour prof, du plaisir, il y en a à prendre. Quand on veut véritablement devenir artiste, ces questions se posent nécessairement. Une des solutions est d'être sincère avec soi-même, le temps et l'expérience feront le reste. Enfin, j'imagine ça comme ça.

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  3. Je crois que la réponse, Jean-Charles l'a déjà donnée : il faut avoir quelque chose à exprimer, un message à transmettre. Au travers de ses nus et de ses représentations de la femme, ne serait-ce pas son combat pour la cause féminine son véritable message ? Tout comme Titouan Lamazou auquel il a fait référence ? Il me plait de l'imaginer ainsi. Vous mesdames, qui suivez ses cours, vous devez le savoir mieux que quiconque.

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  4. Ces diverses réflexions m'ont amené à prendre conscience de ce qui pouvait nous séparer, nous amateurs parfois éclairés et le peintre professionnel dont nous suivons les cours en espérant qu'il nous donne tant, voir même plus et dont on vourdrait peut-être un jour égaler la performance. Mais voilà, il n'y a pas que la technique et le savoir théorique dont on devrait faire étalage. Qu'est-ce qui conditionne la créativité, pour peu que nous soyons convaincues d'avoir un peu de talent d'exécution ? C'est là que je reste persuadée que l'on ne devient pas artiste, mais que l'on naît artiste.

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